J'aspire à autre chose, mais je suis bloqué(e)
"Je dépéris dans mon job actuel, tout le monde voit bien que je n'ai plus rien à faire là, mais je ne quitterai pas cette entreprise tant que je ne sais pas quoi faire. Tant que je n'ai pas un projet sûr et solide."
Voilà ce que j'entends régulièrement en coaching / bilan de compétences.
Je ne bouge pas, quitte à y laisser ma santé.
Car j'ai peur du vide. J'ai peur du néant.
Or, il est un principe bien connu dans les grandes traditions spirituelles du monde, c'est le fameux "lâcher-prise". Ce concept nous donne bien du fil à retordre.
Car lâcher-prise suppose de faire confiance, de s'abandonner, sans être assuré d'un quelconque résultat.
Et ça, notre cerveau, et notre culture occidentale n'aiment pas du tout.
Pourquoi ? Parce que nous aimerions contrôler la vie. Disons que notre cerveau est programmé pour nous faire éviter coûte que coûte les "problèmes", l'inconfort.
Il est obnubilé par le danger potentiel, qu'il voit en toute chose.
Il se comporte comme un parent anxieux qui a constamment peur que son enfant se fasse mal. Notre cerveau nous empêche d'explorer le monde et les possibilités.
Et une petite voix anxieuse tourne en boucle pour nous éviter "le pire".
La petite voix anxieuse et contrôlante
Cette petite voix anxieuse nous interdit, par exemple, de marcher pieds nus dans l'herbe parce qu'on risque de prendre froid. Elle nous empêche de grimper dans l'arbre au fond du jardin parce qu'on risque de tomber et de se faire mal. Elle nous dissuade de suivre ce rêve logé au creux de nous, parce qu'il vaut mieux avoir un CDI ou être fonctionnaire, pour être sûr de ne manquer de rien.
La petite voix anxieuse a peur de nous voir vivre.
La petite voix anxieuse essaie de nous protéger, mais elle finit par nous étouffer.
Alors oui, il est vrai qu'on peut tomber de l'arbre. Il est vrai qu'on peut attraper froid en jouant dehors. Il est vrai qu'on peut un jour, avoir des difficultés financières inconfortables qu'un bon CDI nous aurait (peut-être) épargné.
Il est aussi vrai que l'on peut se brûler en cuisinant, que l'on peut se tordre une cheville en trébuchant sur un jouet dans le salon, que l'on peut glisser sur une plaque de verglas en sortant nos poubelles par un beau matin d'hiver.
Arrêtons-nous pour autant de cuisiner ? De déambuler dans notre salon ? De sortir nos poubelles ?
La plupart d'entre nous répondra "non" à cette question. Mais alors pourquoi continuer à nous infliger des situations énergivores, sans rien tenter pour changer les choses ?
Pourquoi n'osons-nous pas envisager le moindre soupçon de changement ?
Certes, parce qu'il y a des factures à payer, et des dépenses à assurer.
Mais alors, comment jongler entre cet appel de notre âme à sauver notre peau, et notre peur de manquer, de nous tromper et de plonger dans l'inconnu ?
Ishvara-pranidhâna, ou l'art de s'abandonner
Pour cela, la philosophie du yoga, qui nous apprend à déployer une qualité d'être plus sereine au monde, invite à suivre la voie de Ishvara- pranidhâna.
Ishvara-pranidhâna, c'est se laisser traverser par la vie, sans attente d'un quelconque résultat. C'est dire "oui" à ce qui est, sans jugement. C'est mettre en place les actions justes (pour nous), en faisant de notre mieux, et en étant détaché du résultat.
C'est aussi poser les actions bonnes (pour nous), et prendre le temps d'évaluer nos réels besoins. Est-ce que j'ai vraiment besoin d'autant d'argent que ce que je crois ? Est-ce qu'il n'existe pas des moyens pour financer cette formation que je souhaite vraiment faire ? Et si je ne pars pas en vacances comme tous les ans cette année, est-ce si "grave" que ça ? Et est-ce si sûr que mon projet me condamne à gagner une misère ? Et si je pars plus tôt que d'habitude du boulot, "juste" parce que j'ai envie de prendre un temps pour moi, est-ce "mal" ?
Ishvara-pranidhâna est une discipline qui vise à sortir de la roue du hamster de notre mental envahissant.
C'est une haute forme de leadership personnel.
C'est reprendre la maîtrise (et non le contrôle) de notre esprit.
C'est développer une qualité d'attention à nos pensées, nos actes, nos choix, en se préoccupant de moins en moins du résulat.
Il faut alors cultiver en nous la patience, l'acceptation de ce qui est, et l'humilité, pour prendre du recul de façon bienveillante sur nous-même, et la vie.
Sans oublier que la vie est par définition incontrôlable, que tout peut toujours arriver.
Que tout passe et que tout change constamment.
La peur de ne pas réussir, la peur du regard des autres, la peur de manquer, la peur de souffrir et, in fine la peur de mourir, nous éloignent de la pratique de Ishvara-Pranidhâna.
Tu trouveras ci-dessous un texte méditatif pour intégrer Ishvara-Pranidhâna, à lire en accueillant ce qui résonne en toi...
Pause méditative
Prend le temps de te poser, sur une chaise, un fauteuil, ou de t'allonger sur ton lit, ou au sol...
Inspire et expire librement, et observe le mouvement de ton souffle à l'intérieur de toi...
Mets ta conscience sur le mouvement de ta respiration, dans tes épaules, ta poitrine, ton ventre...
Ressens comme ton corps et tes cellules agissent sans se soucier du lendemain...
Comme ton corps fait ce qu'il a à faire dans l'instant... Respirer.... Digérer...
Laisse la sagesse de ton corps prendre otute sa place dans ton esprit...
Ton corps est comme un arbre, ou une plante...
Il fait ce qu'il a besoin de faire, là, maintenant.
L'arbre ne se demande pas si'il ferait mieux de pousser à droite ou à gauche, la plante ne se demande pas si elle doit attendre demain pour fleurir.
Non, elle agit en faisant ce qui est juste sur le moment.
Quitte à se refermer un peu demain s'il refait froid, quitte à fleurir trop tôt...
Tant pis, elle réessaiera un peu plus tard...
Et sens ta conscience descendre au contact de ton être profond, profondément relié à la sagesse de l'univers... Cette partie de toi qui sait, cette partie de toi qui a confiance en cette énergie bien plus vaste et puissante que celle de ton mental...
Inspire la confiance, expire les doutes.
Inspire la sérénité, expire les limitations.
Inspire la lumière, expire la peur.
Inspire la confiance et laisse la se diffuser dans tout ton espace physique, dans ton esprit, dans tout ton être...
Namasté 🙏
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